De nombreuses années de recherche, d’exploration et de pratique combinant les arts plastiques et les percussions, ont amené l’artiste à une proposition de mise en lumière des témoignages picturaux et ornementaux, issus de l’expression des peuples amérindiens de la Caraïbe.
Ses œuvres sont comme des fruits hérités de cette généalogie, des fragments art-chéologiques qu’il entend ressusciter. Elles entrent en résonnance avec les croyances, les mythes et les rituels pratiqués par ces peuples pour se protéger des périls naturels et humains, perpétuer la vie, préserver le lien à la terre, nourrir les âmes et s’en attirer les faveurs.
La figure protectrice du « Zémi », convoquée dans l’œuvre, redonne vie à la dimension spirituelle et magico-religieuse amérindienne. Célébrée par les amérindiens pour apaiser, détourner, repousser les menaces, honorer la puissance de l’impalpable par la communion avec les âmes, elle s’érige dans l’œuvre en « gardien de la mémoire » et en «instance protectrice » du temps présent. Dans l’œuvre, cette figure est à la fois une réminiscence des pratiques spirituelles des ancêtres, et une sentinelle qui veille à la préservation de l’intégrité des peuples.
La présence de figures zoo-anthropomorphes, de formes végétalisées, de notes minérales, s’entrelaçant dans une seule et même pâte organique, comme dans une terre argileuse fédératrice, reflète la complexité des relations de l’homme à son environnement naturel, la densité des interactions qui le lie à son contexte écologique, dans un devenir foisonnant et imprévisible.
Le registre chromatique s’édifie en miroir de l’intensité de la vie, dont les bouches et les yeux omniprésents en seraient les témoins. Une expression plastique qui rend hommage à la spiritualité des ancêtres, en réactualisant sous une forme contemporaine le langage de la préservation et du respect de l’intégrité des peuples.
Freedal'Ô
Martinique, octobre 2012